Blog écrit à partir d'un smartphone, désolé pour les typos
➔ 24 000 km parcourus en mobilité douce (bus, marche à pieds, autostop et voile)
➔ 24 000 kWh consommés
➔ 26 pays visités (Europe et Amérique Centrale)
➔ Contact établie avec 6 universités (Albanie, Macédoine du Nord, Kosovo, Guadeloupe, Nicaragua et Guatemala)
➔ 11 arbres plantés
➔ 255 graines semées
➔ 655 déchets ramassés
➔ 213 siestes faites
Plus que des chiffres, les conclusions du projet sont disponibles sur ce lien : Conclusions d'objectif 3000 kWh
28 Aout 2023
Mes propres limites
➔ 0 plantation➔ 100 déchets ramassés
➔ 10 siestes
28 Juillet 2023
Au coeur de l´Amérique centrale
➔ 0 plantation➔ 150 déchets ramassés
➔ 25 siestes
Un nouveau mois passé sur les routes d'Amérique centrale et une nouvelle expérience qui forge le caractère. Au programme : une perte de repère, un retour impossible et une résilience salutaire. Le tout saupoudré de quelques déchets ramassés et d'une vingtaine de siestes ;)
Comme beaucoup de voyageurs le racontent, un voyage au long court demande de la résilience. Les moments de confiance sont suivis de moments de remise en question. On rebat les cartes a chaque fois que l'on se remet en route. La manière d'aborder la journée est un choix quotidien qui dépend souvent de notre état de fatigue, physique ou/et psychologique. Cet état dépend lui-même de notre manière de voir le monde et sous le spectre de la conscience environnementale, cette vision n'est pas toujours rose. En atteste mon arrivée au lac Átitlan, lieu incontournable des voyageurs qui traversent le Guatemala. Après une très belle journée en stop, j'aperçois le lac en arrière plan. Les contours se dessinent. Le vert des volcans contraste avec le bleu du lac et l'image est magnifique. Cependant, à mon arrivée au bord du lac, j'observe une première déconvenue : la majorité de la berge est privatisée. Je ne peux pas poser mon hamac. Sans argent sur moi, je me retrouve dans la situation d'un chien errant, fatigué de son voyage et sans endroit pour dormir. Heureusement, les gens sont beaux :) Après avoir expliqué ma situation à une famille guatémaltèque, c’est le branle bas de combat. Ils discutent activement pour trouver une solution, chacun.e donne son avis, même la grand-mère est impliquée. Finalement, ils m'indiquent un endroit où je pourrais dormir sous condition de me réveiller tôt le matin. La déconvenue est effacée, je m'endors paisiblement. Mais au matin, cette paix intérieure s’efface un peu. Les volcans qui me semblaient si sauvages sont en fait fendues de cultures agricoles. Un panneau confirme cette observation, la moitié de la forêt a été coupée au cours de ces 30 dernières années. Conjugué avec les effets du tourisme, la qualité de l'eau inquiète les organisations environnementales. Cette observation me suggère que le pays suit les traces du modèle, comme d’autres avant lui. Une augmentation ponctuelle du confort de vie au détriment du futur. La situation n'est néanmoins pas irréversible, mais il va falloir mettre les bouchées doubles. Et pour le coup, je ne peux pas faire grand chose, je ne connais pas ce pays, ni cette terre. Après tout, des personnes travaillent déjà activement et elles seront bien plus efficaces que moi.
Accepter mon impuissance face à certaines situations n'est pas un problème pour moi. Je sais pertinemment que je ne suis qu'une petite goutte d´eau dans ce monde et que mon pouvoir d'action est limité. Cependant je ne suis pas prêt à accepter que mon impuissance soit totale. Premièrement parce que c'est faux (le fatalisme n'est-t-il pas réservé aux esclaves ?) et deuxièmement parce que ce serait dangereux de le croire, dangereux pour moi et les personnes que j’aime. Il est toujours possible d'agir, il faut juste faire en sorte que son rayon d'action soit en adéquation avec ses capacités et qu'il s'étende petit à petit. Ce chemin est loin d'être évident mais il est praticable. Bon nombre d'exemples le montrent. Le hic c'est qu'au cours de ce dernier mois, les avancées sur mon projet ont été pour le moins limitées. Mes recherches de collaboration avec le Nicaragua se sont révélées infructueuses et mes expériences personnelles ont été extrêmement déstabilisantes. Dans un monde que je ne comprends pas (l'Amérique centrale), j'avais besoin de personnes qui puissent me guider et je ne les ai pas trouvés (au contraire elles me demandaient de l’aide). Je me suis donc retrouvé au point mort, sans piste de travail, loin de ma zone de confort et sans échappatoire. En gros je me suis retrouvé nouvelles fois trouvés confrontés aux limites que j'essaye de casser.
Ma réaction a été premièrement de trouver une porte de sortie. Si je ne peux plus avancer, pourquoi rester ? J'ai donc envoyé un mail aux compagnies maritimes et à mon frère pour savoir si un retour en France était envisageable à plus ou moins court terme. Choux blanc. L'avion ? Ce n'était toujours pas une option, je suis têtu :D. Alors j'ai décidé d’accepter la situation. J’ai décidé de ne pas prendre de décisions hâtives et d’avancer à petits pas. L’un d’eux consistait à aller voir une amie au Honduras et de continuer mon chemin vers le Guatemala (comme expliqué précédemment). Avec des empreintes énergétiques de 6000 kWh le Honduras et le Guatemala correspondaient au cahier des charges. C'était sur la route et une bonne occasion pour des retrouvailles.
Mes quelques jours à Utila m'ont fait du bien. Baptême de plongée, apnée et coucher de soleil en bonne compagnie, ça fait toujours du bien. Évidemment le sentiment doux/amer ne m'a pas quitté. L'île vit au rythme des baptêmes de plongée avec des touristes qui viennent des quatre coins du monde et qui ne se rendent pas compte qu'ils détruisent la biodiversité qu' ils sont venus voir. Pour rappelle +1.5 degrés c'est 70% de coraux tropicaux qui meurent, à +2 degrés c'est 99%. Et ne l'oublions pas, pas de coraux, pas de poissons, pas de poissons, pas de pêche, pas de pêche, pas de nourriture … j’ajouterais même que moins il y aura de biodiversité marine, plus il y aura de CO2 dans l'atmosphère et que plus il y aura de CO2 dans l'atmosphère, moins il y aura de biodiversité tout court.
En prenant le ferry pour aller voir ces poissons, je me suis rendu moi-même complice de cette destruction. Et même si j’ai essayé de réduire cet impact au maximum, j'ai privilégié mon besoin d'échange humain au détriment de mon environnement. Mais de manière surprenante je suis en paix. En effet, je suis prêt à répondre de mes actes. L’une de ces réponses consiste à utiliser cette expérience pour revenir dans l’action. Je me suis abreuvé de ma passion pour l’océan pour regrouver de l'énergie et continuer ma quête. Pari gagnant, j’ai trouvé de nouvelles pistes de travail au Guatemala. À l'heure actuelle, une d'entre elles s'est refermée mais une autre est ouverte. Affaire à suivre.
C’est donc une nouvelle leçon de vie pour moi. Même si j'ai parfois l'impression d'être au point mort, j’évolue grâce aux contraintes que je m’impose. Voici quelques exemples de victoires : Ma culpabilité de prendre l'avion et la voiture c’est transformé en fierté de voyager en mobilité "douce". La confiance nouvelle en ma manière de me déplacer me permet désormais d'accéder à bon nombre d'endroits, quasi sans limite, si ce n'est la contrainte du temps ou la peur de faire de mauvaises rencontres. Le végétarisme qui m'est souvent apparu comme une contrainte me permet de goûter à des plats fait maison, spécialement pour moi. Le fait de camper régulièrement dans des zones qui ne sont pas publiques m'incite à m'ouvrir aux autres. Plonger en apnée et sans moteur me permet de m'approcher des poissons au plus proche. Bref, les gardes fous que je m'impose se transforment petit à petit en nouvelle liberté. Et même si suis toujours contraint d'écouter le bruit des voitures, de subir la pollution liée à l'élevage intensif, de faire avec la privatisation des espaces naturels et de regarder les océans mourir à grande vitesse, je sais que ces pierres sont lourdes à déplacer et qu’il va falloir du monde pour le faire. En attendant je vais continuer mon chemin et je ferai en sorte que ma contribution soit la meilleure possible, même si cela implique de faire des pauses. Après tout, il est plus intelligent de faire une pause que de partir à pleine balle dans la mauvaise direction (et oui, ici c’est essai / erreur). Sur ces belles paroles, Kénavo àr ho feskenn glez et à bientôt ;)
28 Juin 2023
Nicaragua me voilà (partie 3) !
➔ 15 graines semées➔ 100 déchets ramassés
➔ 15 siestes
En raison du respect des politiques étrangères, cette partie du blog sera disponible ultérieurement ;)
28 Mai 2023
Nicaragua me voilà (partie 2) !
➔ 30 graines semées➔ 100 déchets ramassés
➔ 10 siestes
Une promesse est une promesse, nous sommes fin mai et il est temps pour moi de résumer les deux mois que j’ai passé à voyager vers le Nicaragua. Pour le bilan comptable du dernier mois, j’ai lâché un peu mes devoirs de plantation mais je suis resté sérieux sur le ramassage des déchets. Place au récit.
Cette partie du voyage a commencé par un challenge de taille : le bateau stop. Alors que le départ du Portugal s'est fait très rapidement (une dizaine de mail, un coup de fil et vamos), le départ de Guadeloupe a été tout autre ... La loi de l’offre et de la demande aura mis ma détermination à rude épreuve. Il m’aura fallu trois semaines pour trouver un autre bateau. J’ai profité de ce temps pour rencontrer des professeurs d'universités qui m'ont mis au courant des plans d’adaptation et de transition énergétique de la Guadeloupe. Rien de neuf sous le soleil, nous sommes bien en France, les contraintes insulaires en plus (l’empreinte carbone est 30% plus élevée qu’en métropole, la principale raison étant les transports). Le reste de mon temps libre je faisais du stop devant les sanitaires de la marina de point a pitre (point stratégique pour faire des rencontres ;) et j’ai pris quelques jours de break pour visiter l’île en stop. Attendre n’est pas vraiment mon truc et j’ai failli abandonner plusieurs fois. Mais grâce au soutien de Patrick et Nicole (un couple d’amis de mon grand frère) et un peu de persévérance, j’ai finalement trouvé un bateau Argentin qui allait vers le Panama : le Zafiro !
Raconter la traversée des Caraïbes à bord du Zafiro prendrait trop de temps et serait un peu hors sujet. En bref, nous avons simplement vécu une vie typique en bateau, faites d’escales (Antigua et Barbuda, République Dominicaine et Jamaïque) et de navigation. J’ai cependant fait une rencontre inattendue. Au cours d’une baignade en apnée, j’ai fait la rencontre, d’un requin, d’une raie et d’une tortue. Cette rencontre était digne d’un film d’animation. Alors que je faisais ma baignade matinale, un requin est venu à ma rencontre. J’ai d’abord eu très peur, puis j’ai ralenti mon rythme cardiaque et j’ai attendu, lui aussi attendait. Nous étions là tous les deux à nous observer, droit dans les yeux. Cette rencontre à durée quelques secondes, mais elle était intense et extrêmement belle. Puis lorsqu’il est reparti, j’ai simplement eu le temps de nager quelques brasses, avant qu’une raie ne passe au-dessous de moi. Elle nageait, majestueusement, sans se soucier de ma présence. C’était la première fois que je voyais un animal aussi grand, d’aussi près et dans une eau aussi claire. Je me suis alors rappelé les couleurs que l’on voit dans “Finding Némo”, la scène semblait identique. J’ai à peine le temps de reprendre mes esprits qu’une tortue est venue me chatouiller les pieds. La encore, une de celles que l’on voit dans les films, grande d’environ un mètre, vieille et bossue. J’aime me dire qu’elle venait me dire bonjour, avant de repartir vivre sa vie dans les profondeurs de l’océan. Ces rencontres se sont faites sur un laps de temps très court, quelques minutes, mais elles m’ont énormément marqué. La première raison vient sans doute du fait que je voyais ces animaux pour la première fois. La deuxième raison c’est que je vivais un moment privilégié, j’étais le seul être humain à l’eau à des kilomètres à la ronde. Enfin la troisième est sans doute la raison principale. En venant ici à la voile, je n’avais pas mis en danger ces animaux. J’avais le droit d’être là.
Je découvre donc que lorsque nos actions sont en phase avec nos valeurs, la vie est plus belle. La vie est plus belle mais plus dure aussi. Tous les jours je fais face aux dissonances cognitives de ce monde, des autres, des miennes. Je vois des militants climatiques voyager en van. Je vois que des peuples vivant sur l’eau, accueillent des touristes qui favorisent la montée du niveau de la mer. Je vois des personnes qui n’ont pas accès à l’eau, acheter du soda. Je vois des personnes qui prônent l’égalité, voyager dans des zones pauvres, simplement parce que ce n’est pas cher. Je vois mes amis voyager en avion alors que je me refuse à le faire. Je me vois ramasser des déchets et acheter des bars de chocolat. Je pourrais faire une liste bien longue, et il faut relativiser l’importance de toutes ces actions, c'est vrai, mais prendre conscience de cette dissonance cognitive n’est pas toujours évident. La réalité c’est que ces dissonances sont sources d’un conflit de valeurs personnel. Une valeur me dit que chacun peut agir comme bon lui semble et que je ne suis personne pour donner des leçons de morale. Une autre me dit que l’on empiète sur ma liberté de respirer et ça ça ne me plaît pas du tout. J’essaye donc de naviguer entre ces deux concepts. Il y a des jours où je pars en vacances et d’autres où je pars au combat. J’ai tout de même l’impression que globalement, je me déconnecte de plus en plus. Je me projette vers l’avenir et la réalité du monde s’écarte grandement de l’idée que je m’en fait. Ça me rend vulnérable, mais loin d’être battu !
Pourquoi je dis tout ça ? Simplement pour être transparent sur mon ressenti après neuf mois de voyage. Mener ce projet seul et de front n’est pas toujours évident. Néanmoins j’avance. Je me rends chaque jour un peu plus compte des forces et des faiblesses que nous avons. Je vois que les traces du capitalisme sont partout, avec des points positifs et des points négatifs. J’ouvre de plus en plus les yeux et c’est le point de départ pour mener des actions constructives. Je vais donc continuer mon travail de fond sur le terrain et je garde le récit de mon expérience à l’Est du Nicaragua pour la prochaine fois. Kénavo àr ho feskenn glez et à bientôt ;)
7 Mai 2023
Nicaragua me voila ! (partie 1)
➔ 1 arbre planté et 50 graines semées➔ 20 déchets ramassés
➔ 30 siestes
J'y suis arrivé ! Cela fait désormais une petite semaine que je suis au Nicaragua. Le trajet aura été long mais je peux désormais dire que j'ai rejoint le continent Americain sans émettre plus de carbone que si j'étais resté à la maison. À l'echelle du monde c'est anecdotique mais a l'éhelle individuelle, j'en tire une grande fierté. J'en ai aussi profité pour planter un arbre, semer quelques graines, ramasser quelques déchets et faire quelques siestes ... mais il y a plus important.
Arrivé au Nicaragua je me rend compte que mon projet a besoin de prendre de l'ampleur. Avancer seul à ses limites et j'ai décidé de faire un appel à partenariat pour rechercher de l'aide. Ce genre de travail demande du temps et je n'ai pas encore trouvé l'énergie pour mettre à jour ce blog. Je le ferai à la fin de ce mois. En attendant, ça se passe sur Linkedin ;) Bisous sucrés, Nico
7 Mars 2023
Ah ce qu'on est bien quand on est dans son bain ... :)
➔ 1 arbre planté➔ 20 déchets ramassés
➔ 99 siestes
Et me voilà reparti … Après quelques semaines passées à parler de transition énergétique en Macédoine du Nord et au Kosovo, après 5 jours de voyage en bus pour manger une bûche de Noël en famille et après un nouvel an mémorable, j’ai repris mon sac pour prendre la direction de l’Amérique Centrale :) Le but est désormais de rejoindre le Nicaragua, seul pays du continent Américain à avoir une empreinte énergétique inférieure à 5000 kWh par habitants*. Mais avant de découvrir les secrets de cette région, il faut traverser l’océan Atlantique et la mer des Caraïbes. Ce récit relate la première partie du voyage au cours de laquelle j’ai planté un arbre, ramassé 20 déchets et fait 99 siestes !!! Explication ….
L’histoire commence le 30 Decembre 2023. Alors que je m’apprêtais à manger en famille, je reçois un message insolite : “Nous avons eu un désistement de dernière minute et nous cherchons un équipier qui pourrait nous aider à faire la traversée de l’océan Atlantique. Le départ se fera du Portugal dans 3 jours. Ça te tente ?”. Ce message m’avait été envoyé par Mel et Robin, un couple de navigateurs de Douarnenez. Ils s’apprêtaient à faire faire la traversée du Portugal vers les Antilles à la voile et cherchaient à compléter leur équipage. Ce message faisait suite à un appel à l’aide que j’avais envoyé à la communauté bretonne, quelques semaines auparavant. Plusieurs bretons ont répondu à mon appel, mais c’est Ewen de l’association Lost in the Swell et Erwan de l’association Maïewann qui m’ont permis de savoir que le Djelali, un voilier en acier de 17m, s’apprêtait à faire la traversée de l’Atlantique. Mel et Robin répondaient à ma demande d’embarquer en tant qu’équipier sur ce voilier (Djelali-tricks).
L’opportunité était trop belle. Avoir la chance de traverser l’Atlantique à la voile avec des personnes de confiance, je ne pouvais pas rêver mieux. J’ai donc annulé mes rdv pro et j’ai dit oui. Le 3 janvier 2023, nous quittions le port de San Antonio de Vila Real, vent en poupe. L’équipage était composé de neuf personnes : Robin, Mel, Gwen, Nayra, Math, Max, Nat, Soso (un petit bébé de trois mois) et moi-même. Nous avons navigué pendant dix jours pour rejoindre la partie Ouest des Îles Canaries et dix-neuf autres pour rejoindre la Guadeloupe. Entre ces périodes de navigation nous avons fait deux semaines d’escale. En attente de de vents favorables, nous en avons profité pour entretenir le bateau, faire des approvisionnements et nous reposer. En tout et pour tout le voyage aura duré un mois et demi.
Au cours des semaines passées sur le Djelali, j’ai planté peu d’arbres et ramassé peu de déchets. Par contre, j’ai rattrapé mon capital siestes ! J’y étais contraint. La première règle que j’ai reçu de la part de Gwen, Mel et Robin, c’est qu’en mer, il ne faut jamais forcer. Lorsque le froid nous prends, il faut se réchauffer ; lorsque les vêtements sont trempés, il faut en enfiler des secs et ; lorsque la fatigue vient, il faut se reposer. J’ai pris au mot cette règle du “vaut mieux prévenir que guérir” car je l’avais déjà expérimenté dans les Balkans. Alors que je campais au bord d’un lac, je me suis fait piéger par un orage. Mon tarp ne tenais pas au vent et j’ai passé une nuit épuisante à lutter contre la plus pluie et le froid. Le lendemain, je me suis réfugié à l’hôtel pour récupérer des forces et sécher mes affaires. J’en ai conclu que si j’avais regardé la météo et dormi à l’auberge en premier lieu, j’aurais gagné du temps, de l’argent et beaucoup d’énergie. Malheureusement (ou fort heureusement), les hôtels n’existent pas au milieu de l’Atlantique et la marge d’erreur est faible. Dans ces conditions le discernement devient une nécessité et gérer son sommeil en fait partie. Par chance, et par bonnes décisions du capitaine, nous n’avons pas eu de (gros**) pépins pendant cette traversée.
La gestion du collectif est une autre partie importante de la vie en voilier. L’expérience d’une transatlantique peut vite devenir un calvaire en cas de mésentente des équipier.e.s. Chacun.e doit donc faire des efforts pour que la vie à bord se passe bien. Il faut avouer qu’il n’est pas évident de vivre à 7 sur 45 mètres carrés, au milieu de l’océan. Les moments de réveils pour certains sont des moments de sommeil pour d’autres, les moments seuls sont des moments collectifs et, les moments de fatigue sont des moments énergiques …. Les humeurs changent de main rapidement et il est important de respecter les besoins de chacun.e.s pour que tout ce passe bien. C’était le cas sur le Djelali et c’est ce que j’ai le plus apprécié. Bien sûr, le fait de vivre ensemble 24h/24 dans un espace aussi exiguë rend les tension inévitables (Attention c’est l’heure du repas ! ;). Néanmoins, chaque moments de “crise” étaient suivie d’une réaction de bienveillance de la part de l’équipage et pour cette raison que le voyage c’est bien passé. Merci et bravo à toute l’équipe !.
En résumé, traverser l’Atlantique sans avion demande du temps et de l’engagement. Mais, pour qui est prêt.e à s’engager, l’expérience vaut le coup ! À bord du Djelali nous avons eu la chance de vivre des moments précieux, hors du temps. Nous avons visité des endroits difficilement accessibles et nagé au milieu de l’océan Atlantique (la sensation est assez vertigineuse !). Nous avons eu la chance d’observer des poissons, des dauphins, des cachalots et des oiseaux. Nous avons appris à reconnaître les étoiles, à sentir le vent sur notre corps et à naviguer au sextant. Nous avons fait de très belles rencontres et appris à faire du pain (merci Fanny :). Enfin, nous avons pris le temps que nous n’aurions jamais pris pour lire des livres, jouer de la musique, chanter, faire des parties de tocs, et tout simplement vivre ensemble. Un voyage en voilier c’est donc bien plus qu’un bilan énergétique. Mais il est tout de même important de constater que cette traversée nous a coûter 18 fois moins d’énergie qu’une traversée en avion. D’après www.e6-consulting.fr, la construction d’un bateau de la route du Rhum émettrait environ 25 tonnes de CO2, soit une consommation énergétique d’environ 90 000 kWh***. D’après ces chiffres, 50 ans de navigation ont probablement suffi à armortir la construction et l’entretien du Djelali****. L’empreinte énergétique du trajet se résume donc au déplacement des équipiers sur le lieu d’embarquement (approvisionnement mis à part). D’après mes estimations, cette empreinte énergétique est inférieure à 2000 kWh (6 trajets en transport en commun et un Brest-Lisbonne et avion). Si nous avion toustes pris l’avion, nous aurions consommé 36 000 kWh*****, soit 18 fois plus d’énergie qu’à la voile. Notre voyage a donc permis d’économiser une quantité importante d’énergie.
De manière plus générale, les voyages en voilier sont le passé et sans doute l’avenir du transport transatlantique, à condition de faire les bons choix. À l’heure actuelle, l’électricité produite par les énergies renouvelables ne suffit pas à l’extraction des matières premières qui permettent la construction et l’entretient d’un bateau moderne. Elle permet encore moins d’assurer le transport des équipièr.e.s en avion. Sera-t-il encore possible de voyager à la voile dans un monde à 3000 kWh ? L’avenir nous le dira. Gardons tout de même à l’esprit que fois que nous gaspillons de l'energie, nous diminuons nos chances de trouver des solutions qui nous permettront de creer cet avenir. Sur ce, Kénavo àr ho feskenn glez et à bientôt !
(Oh, mais au fait, ca veut dire quoi gaspiller de l'energie ? ;)
20 janvier 2023
Idéfix n'était pas Albanais, ma grand-mère l'était peut-être ... :)
➔ 60 graines semés➔ 50 déchets ramassés
➔ 2 siestes
“Et il s’excuse !” … Pourquoi tant de retard dans cette chronique ? La réponse est plutôt simple, je me suis fait happer par la frénésie de ces derniers jours car la deuxième étape de mon voyage est désormais entamée (route vers l’Amérique centrale). Mon esprit est déjà bien loin de mon expérience Albanaise mais je vais faire de mon mieux pour faire une rétrospective de la fin d’année 2022 au cours de laquelle j’ai ramassé 60 déchets, semé 50 graines et fait deux siestes. Au programme, une générosité à toute épreuve, une attaque de chiens et une expérience personnelle à la frontière entre recherche et rencontres humaines.
En Albanie j’ai enfin trouvé un équilibre de voyage, entre exploration et recherche. Privilégiant l’expérience sociale, je n’ai finalement passé que très peu de temps en pleine nature. Malgré tout, au cours de ces précieux jours je n’ai pas été déçu. Surplombant une mer de nuages lors d’un lever de soleil en montagne, j’ai ressenti un sentiment de liberté profond. Mon carnet de voyage s’en rappelle, on peut y lire : “j’ai 30 ans, je suis jeune et profondément libre”. Chérissant ces pensées, j’ai alors continué ma route le long d’une crête enneigée sur laquelle j’ai aussi essuyé une attaque de chiens. Ils ressemblaient plus à des loups bodybuilders (des chiens Albanais quoi ^^) et fort heureusement, un homme nommé Spartak m’a aidé à sortir de ce mauvais pas. Je n’ai eu qu’une morsure à la cuisse sans gravité et mon sac déchiré mais depuis je me déplace toujours avec un bâton :) Enfin, quelques jours plus tard, j’ai profité d’un bivouac royal à la frontière entre l’Albanie et la Macédoine du Nord. Profitant d’une vue imprenable sur le lac d’Ohrid, j’ai préparé mon repas au coin du feu en pensant à mon grand frère, Alexandre.
Pour le reste, j’ai passé le plus clair de mon temps entre villes et campagnes, pour observer les modes de vie locaux mais avant d’entrer dans les détails, je dois faire un mea culpa. J’ai précédemment parlé de ma peur de ne pas avoir accès à l’eau potable en Albanie. Cette peur c’est finalement avérée injustifiée car, bien que beaucoup de personnes prennent leur vélo pour remplir des bouteilles à la source, je n’ai jamais été malade en buvant l’eau du robinet. J’ai également parlé de forêts à n’en plus finir, ce qui est seulement partiellement vrai. En Albanie l’agriculture est très présente et de grands champs de culture (en plaine) existent en parallèle d’une nature sauvage (en montagne). Cette agriculture semble raisonnée car, avec un salaire moyen de 300 euros par mois, les Albanais n’ont pas les moyens de pratiquer une agriculture intensive. Une conséquence direct de ce mode de vie est que la nourriture est meilleure. Sans même m’en rendre compte je me suis déshabitué du sucre. Les Bureks sont devenus ma nourriture principale et les snickers que j’avais l’habitude de manger le long de ma route ont perdu de leur goût. J’ai également profité de la générosité légendaire Albanaise. Impossible de dormir à la belle étoile sans se cacher ! Edmond et Nevrus m’ont accueilli dans leur famille sans me laisser continuer ma route. Une chance pour moi car j’ai pu passer deux soirées mémorables où j’ai joué à la PlayStation, regardé la coupe du monde et mangé plus qu’il n’en faut (comme chez mamie, il faut manger !). Sur ma route j’ai aussi profité de nombreuses offrandes de fruit : “si si prend tout le sachet !”. Trop lourds pour mon sac à dos, je les ai à mon tour offert et récupéré bon nombre de sourires en retour. De manière plus générale, je suis impressionné par ce pays, malgré leur pauvreté et la dureté de la vie, les Albanais ont su rester intègres et accueillants. Je demande comment je me comporterais à leur place …
Concernant mon projet, je suis allé en Albanie avec un but précis, comprendre comment vivre avec une faible empreinte énergétique à l’échelle d’un pays. Sur le papier, l’Albanie est de loin le meilleur élève en Europe. Avec une empreinte énergétique d’environ 7000 kWh par habitants (plus ou moins les imports exports), les Albanais utilisent environ 6 fois moins d’énergie que les Français (environ 40 000 kWh par habitant en comptant les imports exports). Ils contribuent actuellement à un réchauffement planétaire de +1 degré par siècle** (plus ou moins les imports exports) alors que les Français contribuent à un réchauffement de +6 degrés par siècle*** (oui oui, même en utilisant l’énergie nucléaire). Si tout le monde faisait comme nous, il suffirait de 10 à 20 ans pour que l’adaptation au changement climatique soit impossible**** … De ce point de vu, l’Albanie est un bien meilleur exemple. 7000 kWh de consommation énergétique c’est déjà trop mais cela donne une base de réflexion pour l’Europe. En trois semaines, je n’ai pas eu assez de temps pour comprendre comment les Albanais pouvaient avoir une empreinte énergétique aussi faible. Avec la présence de bidonville, la différence de niveau de vie est claire mais dire que les Albanais vivent 6 fois moins bien que les Français est loin d’être évident. Il est vrai qu’en tant qu’homme, français, blanc, j’ai accès à tous les privilèges sociaux, et ma vision est par définition biaisée. Malgré tout, j’ai observé que les villes Albanaises ont un confort semblable aux villes occidentales pour qui a de l’argent. Bien que les écoles et les universités soient moins développées, les Albanais ont accès à une éducation équivalente à la nôtre (ils sont très méritants car ils doivent faire avec peu de moyens). Le système de soin semble corrompu car le temps d’attente varient en fonction du portefeuille et du carnet d’adresse. Cependant, les opérations urgentes telles que les crises d’appendicites sont prises en charge par l’état. L’eau potable est accessible partout et je n’ai pas pu observer de malnutrition. Au contraire, en dehors des villes, l’eau paraît plus propre que chez nous et la nourriture m’a semblée de meilleure qualité avec une obésité absente. Enfin, les Albanais que j’ai rencontré étaient incollables sur les résultats de la coupe du monde ce qui en dit long sur l’accès à l’information … En bref, cela à confirmé mon intuition : vivre avec une faible empreinte énergétique est possible même si à l’heure actuelle cela implique de vivre dans la pauvreté(car les richesses sont inégalement réparties au sein même des pays et entre eux).
Les problèmes sociaux mis de côté, l’Albanie reste un modèle d’efficience énergétique sur beaucoup de points. Si je m'inspire ce que j'ai vu la bas, il me semble que la première chose à mettre en place pour atteindre l’efficience énergétique en France est de développer une agriculture 0 carbone : sans pesticide, pour préserver la biodiversité qui travaillera à notre place et, avec des machines à faible consommation énergétique. Les machines plus lourdes pourraient être utilisées pour palier aux événements climatiques extrêmes. Théoriquement, cela permettrait de diminuer de 1 degré notre contribution au réchauffement climatique et de réduire de 5000 kWh/hbt notre empreinte énergétique. En parallèle, cela permettrait d’améliorer la qualité de notre nourriture, de nos sols et de l’eau et ainsi augmenter notre résilience face aux aléas climatiques. Ce type d’agriculture existe déjà en France mais pour le mettre en place à grande échelle il faudrait augmenter le nombre d’agriculteurs/rices : une agriculture sans machine demande plus de bras. Aujourd’hui, seulement 1% de la population fait ce travail* et il en faudrait environ 10 % pour qu’une agriculture 0 carbone soit possible à grande échelle (estimation personnelle suite au témoignage d’une agricultrice allemande). Un seul mot d’ordre donc : À nos brouettes ! La deuxième chose à mettre en place est un mode de vie local et sans voiture (qui va de paire avec l’agriculture proposée ci-dessus). En Albanie les propriétaires de voiture sont minoritaires et beaucoup de personnes se déplacent en transports en commun, à pieds, à vélo ou même en ânes. La polution liée aux moyens de transports est donc limitée. En France, les déplacements en voiture contribuent à un réchauffement de 1,2 degrés/siècle en moyenne et les déplacements en avions à 0,3 degrés/siècle. Si nous arrivions à mettre en place un mode de vie à l’Albanaise, nous diminuerions notre contribution au réchauffement climatique de 1,5 degré et réduirons notre empreinte énergétique de 8500 kWh/hbt. Évidemment, ce genre de mesures demanderait des changements profonds dans nos modes de vie. Cultiver une terre demande un travail quotidien et un partage des tâches. Ne plus se déplacer en voiture et en avion implique de limiter ses déplacements et prendre plus de temps pour voyager. On retrouve les deux aspects en Albanie. Les personnes avec qui j’ai eu la chance d’échanger travaillent tous les jours de la semaine, sans vacances et voyagent peu. Ils ont donc moins de temps libre mais un rythme de vie beaucoup plus lent qui laisse la place à l’imprévu et au partage. Au total, redévelopper une agriculture 0 carbone et marginaliser notre utilisation des transports rapides permettrait de passer d’une contribution au réchauffement climatique (pour la France) de 6 à 3,5 degrés par siècle. Si tous les pays riches suivaient ce modèle cela permettrait de gagner quelques dizaines d’années sur la limite de non-adaptabilité climatique. Nous aurions alors plus le temps pour réduire les autres postes de dépenses énergétique tout en laissant une chance aux personnes qui vivront en en 2050 de s’adapter.
Ma comparaison entre la France et l’Albanie s’arrête là. À l’heure actuelle, il n’existe aucun outil qui permette de comparer l’empreinte énergétique entre pays riches et pays pauvres. Cette comparaison est importante car elle permettrait de rapidement cibler le gaspillage énergétique que nous faisons en terme de logement, d'achats et de dépenses publiques (En France, ces postes contribuent à un réchauffement d’environ 1 degré chacun, soit, 3 fois la contribution annuelle des Albanais au réchauffement climatique, plus ou moins les imports exports). J’ai donc passé le reste de mon voyage à rencontrer des chercheur.se.s en Albanie, en Macédoine du Nord et au Kosovo pour comprendre si une telle comparaison était possible. En suivant cette piste j’ai pris connaissance des plans de transition énergétique des différents pays. En les comparant à celui de la France j’ai compris que l’on est loin d’être dans les clous … Je ferai un poste à part entière sur ce sujet pour m’expliquer. En attendant, les dauphins qui jouent avec l’étrave du voilier sur lequel je me trouve me rappellent à la réalité de mon nouveau quotidien de voyageur lent :) Je pose donc mon téléphone ... Kénavo àr ho feskenn glez et à bientôt !
28 novembre 2022
N'écoutez pas Plastique Bertrand ;P
➔ 1 arbres planté et 100 graines semés➔ 30 déchets ramassés
➔ 3 siestes (décidément j’en fait de moins en moins :s)
Ça y est, après un nouveau mois de voyage me voilà en Albanie ! J’ai longé la côte Croate et Monténégrine pour finalement passer la frontière le 15 novembre. Sur ma route j’ai planté un arbre, semé un centaine de graines, ramassé une trentaine de déchets et fait trois siestes. J’ai aussi compris qu’il fallait beaucoup de courage pour voyager seul … En bref, j’ai du m’adapter.
La première adaptation à laquelle j’ai fait face est la peur de l’inconnu. En effet, avant le passage de frontière du Monténégro et de l’Albanie je me suis retrouvé sans repère. Je dois ici préciser que j’ai fait le choix de voyager en utilisant le minimum de technologie. Mon matériel technique se limite à un tarp, un sac de couchage, un matelas de sol, une lampe frontale, des chaussures de rando et un smartphone (sans batterie externe). Grâce à cette philosophie je voyage léger, mais je me retrouve souvent dans des situations inconfortables : sans accès internet, sans connaître la météo, sans savoir où je vais dormir le soir et avec peu de batterie. D’habitude ça ne me dérange pas, mais en terrain totalement inconnu c’est une autre histoire, spécialement dans les régions où l’accès à l’eau potable est possiblement limité … Il existe deux options pour surmonter cette peur. La première est de s’entourer. C’est ce que j’ai fait pour traverser la frontière du Monténégro. J’ai eu la chance de voyager en compagnie de Victor et Hugo, deux voyageurs des temps modernes, habillés mais culottés. La deuxième est de prendre son temps, se doter d’une bonne dose de courage et de faire en sorte d’arriver en territoire familier pour diminuer ses appréhensions. C’est ce que j’ai fait à la frontière Albanaise. J’ai pris une carte et je me suis arrangé pour être à distance raisonnable de la ville la plus proche. Au final j’ai été accueilli par des Albanais souriants et bavards et je ne suis pas mort de soif :) Je souhaite partager cette expérience car elle fait écho à notre manière d’appréhender le changement climatique. Nous navigons en terrain inconnu et la ligne d’arrivée semble terrifiante. Prenons donc le temps pour explorer différentes manières de fonctionner, chacun à notre rythme, avec les outils à notre disposition, sans jugement et en nous entraidant. Nous ferons les comptes à la fin* ;)
La seconde adaptation concerne la technique de plantation. Sur la côte ouest des Balkans le sol est aride et il est impossible de déterrer des jeunes pousses pour les replanter ensuite (les racines sont trop profondes). À la place, j’ai commencé à semer les graines que je trouve sur ma route. Je m’assure qu’elles proviennent d’arbres et d’arbustes originaires de la région pour ne pas favoriser la prolifération d’espèces invasives par ignorance. De cette manière je favorise la dissémination des graines en laissant le processus naturel décider si la plante va pousser ou non.
J’ai enfin dû m’adapater au contexte sociétal des pays que je traverse. En effet, à seulement quelques centaines de kilomètres de ma ville natale je me rends déjà compte que mon projet de plantation et de ramassage de déchets a peu de sens dans certains pays. Au Monténégro et en Albanie, les arbres sont majoritaires et le recyclage des déchets (quasi-) inexistant. Quel est l’interêt de planter des arbres dans une forêt et de ramasser des déchets dans un pays où il n’y a pas de poubelles ? J’ai tout de même continué. En plantant mes graines, je participe à la diversification génétique des forêts. En ramassant les déchets, j’offre peut-être quelques heures de répit à un animal qui aurait pu s’étouffer avec. Plus généralement, voir ces montagnes de déchet plastique me fait mal au cœur. Je sais que ces déchets plastique finiront dans l’océan et je me sens impuissant. Mon premier réflexe à été le jugement : pourquoi ces gens ne font pas attention à l’endroit dans lequel elles vivent ? Mais je me suis vite raisonné. Juger c’est premièrement oublier que dans ces pays n’ont pas de dispositif de traitement des déchets. Quelle autre option d’acheter des bouteilles plastiques quand l’eau du robinet n’est pas propre ? Juger c’est aussi oublier que l’utilisation généralisée du plastique est associé au mode de vie des pays occidentaux. Nous utilisons une quantité astronomique de plastique et nous avons exporté cette manière de faire. Les déchets se font moins visibles chez nous car nous avons les moyens de les cacher. Nous recyclons une partie, nous en brûlons une autre et nous exportons le reste (exemple des vieilles voitures exportés vers les pays en voie de développement). L’impact énergétique et environnemental n’en est pas moins catastrophique. Juger c’est enfin oublier que le plastique est un produit dérivé du pétrole et que le vrai problème provient de notre incapacité à nous en passer. Pas de pétrole, pas de plastique. Diminuons donc dès maintenant notre dépendance au pétrole en diminuant notre dépendance au plastique et, posons-nous les bonnes questions : Pourquoi avons-nous besoin de plastique ? Quelles alternatives avons-nous ? Lesquelles sont viables energétiquement ? En réussissant à mettre en place ces alternatives nous contribuerons à résoudre la crise climatique et la crise environnementale liée au plastique. Pas mal non ? ;) **
Pour le prochain post je rentrerais dans le vif du sujet en parlant de mon premier contact avec l’Albanie. En attendant, kenavo àr ho feskenn glez et à bientôt !
5 novembre 2022 (pause décryptage)
Allez, il pleut aujourd’hui et j’en profite pour faire un petit décryptage info. Le sénat vient d’adopter un projet de loi sur le développement de l’éolien en mer et du photovoltaïque. L’objectif est d’atteindre 140 GW de puissance électrique au total en 2050 (40 GW en éolien marritime et 100 GW en photovoltaïque). Mais à quoi cela correspond-il ?
D’après le site connaissance énergie.org un 1 MW de puissance éolienne a fourni 2,2 millions de kWh d’électricité en 2015. 1 MW de puissance photovoltaïque a fourni 1,3 millions de kWh. Si le parc prévu pour 2050 a le même rendement, il produirait au final 228 000 millions de kWh par an, soit un quota annuel de 3250 kWh par français.
Dans un monde en réchauffement climatique il devrait y avoir plus de soleil donc les panneaux photovoltaïques devraient avoir un meilleur rendement. Par contre les vents devraient être plus extrêmes et donc le rendement des éoliennes pourrait être réduit. À vous de faire vos paris sur les rendements à venir mais, concernant les énergies renouvelables, il semble bien que la France soit sur la ligne des 3 000 kWh par personne et par an en 2050 (soit 14 fois moins que la consommation française actuelle).
28 octobre 2022
Marche à pied au pays des ours
➔ 5 arbres plantés➔ 60 déchets ramassés
➔ 5 siestes (je me rattraperai le mois prochain :)
Un mois après mon dernier article il est temps de faire un point sur la situation. Ce mois-ci je me suis lancé un nouveau défi, traverser la Slovénie à pieds en suivant le sentier E6. L’idée principale était de voyager avec une direction précise (sans avoir à choisir ma destination chaque jour), m’affûter physiquement et visiter un pays où l’eau est gratuite et les ours sympathiques. Pour rester raccord avec mon projet, c’était aussi l’occasion pour moi de faire un comparatif énergétique entre la marche à pied et la voiture. J’ai donc pris deux semaines pour traverser la Slovénie du Nord au Sud et, en attendant l’arrivée de ma carte bancaire internationale, j’ai passé une semaine dans le parc national du Triglav au Nord du pays.
Sur ma route j’ai planté / bouturé 5 arbres, ramassé 2 déchets par jour et fait 5 siestes. J’ai rencontré des Slovènes confiants et accueillants (spécifiquement, un grand merci à Bruno, Tatianna et Anze qui m’ont très spontanément accueilli chez eux alors que l’on ne se connaissait pas). J’ai découvert un pays à taille humaine et pentu dans laquelle il est très agréable de marcher. J’ai atteint mon objectif principal en voyant des fesses d’ours, ce qui m’a rendu très heureux. Je me suis aussi perdu en forêt, à la nuit tombante, au milieu des ours, ce qui m’a rendu très peureux. J’ai enfin pris part à une discussion qui m’a ouvert l’esprit dans le Nord de la Slovénie. Alors que je voulais acheter de nouvelles semelles pour mes chaussures, j’ai sympathisé avec le vendeur. Il m’a expliqué que les commerçants Français, Allemands et Néerlandais étaient extrêmement durs envers les petits pays. A l’époque (et parfois encore maintenant) ils refusaient de lui vendre leur produit sous prétexte que le marché Slovène était trop petit. Il a du donc batailler dur pour faire sa place et se faire respecter. Cette condescendance des “grosses” puissances envers les “petites” fait réfléchir et on se demande qui est le plus petit des deux …
Concernant le projet objectif 3000 kWh, je voulais montrer qu’en marchant nous utilisions moins d’énergie qu’en conduisant une voiture. Je me suis finalement rendu compte que ce n'était pas si évident*. J'ai donc revu ma copie et je me suis posé une question plus générale : Est-il envisageable de se déplacer en voiture avec un quota annuel de 3000 kWh par habitant ? Après quelques recherches j’ai trouvé que pour produire une voiture électrique nous utilisions 60 000 kWh** soit 20 fois plus que le quota annuel. Imaginez, il faudrait économiser plus de 20 ans de salaire énergétique pour s'acheter une voiture ... Par comparaison, aujourd'hui il nous faut économiser 2 ans de salaire. Cela signifie que, demain, sans pétrole, une voiture devrai coûter 10 fois plus cher, soit le prix d'une maison***. Un simple calcul d’ordre de grandeur nous montre que dans quelques années la voiture sera un moyen de transport réservé aux personnes très riches. Il est donc idiot de vouloir développer ce marché pour les personnes qui ne le sont pas … Malheureusement, à l'heure actuelle, les constructeurs automobiles développent le marché de la voiture électrique en faisant croire que c'est une stratégie d'avenir viable, ce qui, en l'état de la recherche actuelle, est un gros gros mensonge (non-démenti par les gouvernements actuels). C'est de l'énergie perdue qui pourrait servir à développer de nouveaux moyens de transport moins énergivores. J'ai donc une question adressée à l’équipe des pauvres, des personnes aisées et des riches : Avant que nos enfants et petits enfants n'aient d'autre choix que de se déplacer à pied car nos ressources auront été inutilement épuisées, quelle est notre stratégie pour aboutir à un monde sans voiture ?
Sur cette belle question je vais continuer ma route au travers de la Croatie. L'objectif étant toujours l'Albanie. En attendant d'y arriver, kenavo àr ho feskenn glez et à bientôt !
28 septembre 2022
De Lorient à Prague
➔ 3 arbres plantés➔ 25 déchets ramassés
➔ 14 siestes
Jour de fête nationale en République tchèque, j’en profite pour écrire quelques lignes et confirmer que le projet Objectif 3000 KWh est bien lancé. Parti de Lorient le 7 septembre, l’objectif est de rejoindre à la mi-novembre le premier pays dans mon top liste, l’Albanie.
J'ai profité de cette première partie de voyage pour rendre visite à des proches auxquels je voulais dire au revoir. Pour le faire j’ai combiné le train, le bus et le stop. Je suis consécutivement passé par Lille, Utrecht, Bremerhaven, Bremen, Nürnberg afin de passer quelques instants avec eux et profiter de leurs derniers conseils. Sur la route, je me suis également fait les jambes en en marchant 60 km le long des berges de la Berounka, affluent du fleuve qui traverse Prague. Je voulais rejoindre la capitale Tchèque au plus vite mais les forêts sont tellement vivantes ici que je n’ai pu m’empêcher de m’y arrêter pour observer la faune et la flore locale (J’ai vu trois martins-pêcheurs dans ma vie dont deux en deux jours, et c’était en République tchèque :). C’est également la première fois que je rentre dans une capitale en la traversant à pied. D’habitude on y rentre en son centre, en descendant du train ou du bus. Rentrer dans la capitale d’un pays par sa périphérie (à pieds) permet d’en apprendre beaucoup sur son fonctionnement … je conseille de le faire au moins une fois pour s’en rendre compte. Malgré tout, après avoir fait quelques lessives et bu d’excellents cafés, j’ai décidé de quitter Prague. Bien que la metropole soit très belle, je n'ai pas grand chose a apprendre ici. Me voila donc dans un bus en direction de la Slovenie pour poursuivre ce voyage.
Avant de reprendre ma route, je voulais mentionner que j'ai eu la chance de rencontrer plein de personnes différentes et d'avoir des discussions très profondes au cours de ces trois dernières semaines. Elles ont alimenté ma réflexion sur de nombreux sujets. Notamment, elles m’ont permises de comprendre qu’une autre relation avec notre territoire était possible et nécessaire pour atteindre la sobriété énergétique dont nous avons besoin. Vaste sujet que je traiterai une prochaine fois.
En attendant, je vous fait pleins de bisous sur la fesse gauche et je vous dis Kénavo !
Edit : En attendant, kenavo àr ho feskenn glez et à bientôt !
PS: dédicace à tous les petits bouts qui sont nés aujourd’hui, dont une spéciale dont je tairai le nom ;P